Knightfall | Série TV

Après une première saison réussie, il était intéressant de se pencher sur la deuxième saison actuellement en cours de diffusion sur History pour voir si elle se montrait à la hauteur de nos espérances. La réponse est malheureusement non.

C'est un tableau très différent de l'histoire des Templiers qui nous est proposé avec ces nouveaux épisodes. La vérité historique est certes globalement respectée - relativement à mes quelques connaissances sur le sujet - mais la façon dont la série est présentée change assez radicalement. Elle est bien plus sombre et ce, à plusieurs niveaux. Bien sûr, écrire qu'elle passe du côté obscur était facile sachant que Mark Hamill, alias Luke Skywalker dans Star Wars, a rejoint la distribution de cette nouvelle saison, mais le constat va au-delà de la référence cinématographique.

Violence gratuite et scénario unidirectionnel

Le changement de showrunner n'a pas été sans conséquences. Dominic Minghella a passé le relais à Aaron Helbing et le ton général du show s'en est ressenti. L'évolution est logique si on se rappelle que le premier est le créateur de la série Robin Hood pour la BBC, alors que le second est l'homme derrière Spartacus et Black Sails. Comme attendu (et redouté pour ma part), la saison 2 s'est donc brusquement assombrie. Les scènes peu éclairées sont plus nombreuses, la violence de l'époque n'est plus suggérée mais bien souvent montrée lors des séances de tortures ou des batailles sanglantes. Le scénario de cette nouvelle saison est par ailleurs très noir, avec des personnages instables et extrêmes commettant d'inqualifiables exactions. Encore une fois, c'est raccord avec l'époque mais si la première saison avait trouvé un bon équilibre entre vérité historique et légèreté de certaines intrigues, la saison 2 ne s'écarte que rarement d'une route tracée dans l'obscurité.

Des ellipses et des personnages caricaturaux

La déception est grande également au niveau des personnages, que ce soit les anciens ou les nouveaux.

L'arrivée de Mark Hamill était bien évidemment scrutée. Or, son personnage - Talus, un vétéran des croisades - n'est pas à la hauteur des attentes. Son passé est à peine évoqué, il sort de nulle part, il lui manque cruellement un trait de caractère qui lui permettrait d'échapper à l'étiquette de banal Templier. De plus, la disparition de deux personnages importants de la saison 1 est expédiée en moins de 5 minutes avec un scénario dont la crédibilité peut largement être contestée.

Le Roi Philippe (Ed Stoppard) s'enfonce dans son désir de vengeance, au point que c'est la seule chose qu'on nous montre quand il apparaît. Il faut croire que les affaires d'état avaient choisi de marquer une pause le temps qu'il s'occupe de sa querelle personnelle. Sans aller jusqu'à l'étincelant Louis XIV, on se demande souvent où est passé le faste de la royauté tant son château est mal éclairé malgré les âtres qui crépitent. Sa fille, la Princesse Isabelle (incarnée par Sabrina Bartlett dans la saison 1 et par Genevieve Gaunt dans la saison 2) est enfermée dans un rôle d'intrigante machiavélique. Quant à son fils, Louis (Tom Forbes), c'est davantage un mercenaire qu'un Prince et ses actions le font dangereusement se rapprocher d'un psychopathe.

Du côté des Templiers, Landry (Tom Cullen) est toujours aussi peu charismatique, Tancrède (Simon Merrels) tire toujours bien son épingle du jeu et Gauvain (Pádraic Delaney) connaît heureusement une belle évolution qui est cohérente avec la première saison.

Faut-il regarder cette saison 2 ?

C'est difficile de répondre à cette question. La saison 2 est largement en dessous du niveau de la saison 1, c'est certain, mais une ou deux intrigues mineures sont intéressantes. Elle s'adresse indiscutablement à un public différent. Saura-t-elle le trouver ? Ce n'est pas gagné. Les six premiers épisodes ont rassemblé jusqu'ici chaque semaine 0,66 millions de téléspectateurs en moyenne, contre 1,24 millions pour ceux de la saison 1. Délaissés, les Templiers semblent bien en train de perdre leur combat et pourraient bien rendre les armes à la fin de cette saison.

Le Graal n'est pas seulement l'objet de la quête des Chevaliers de la Table Ronde dans la légende arthurienne, cette coupe mythique a été une source d'inspiration au fil des époques pour de nombreux conteurs, romanciers, scénaristes et même compositeurs. Elle est aussi entrée dans le vocabulaire courant pour exprimer une recherche longue et le plus souvent vaine.

"Comme Indy j'ai cherché le Graal, la jeunesse éternelle'"... cette chanson du groupe Kyo que je viens de vous mettre dans la tête - you're welcome ! - fait bien entendu référence au film de Steven Spielberg 'Indiana Jones et la dernière Croisade' sorti en 1989, où le célèbre aventurier incarné par Harrison Ford fait équipe avec son père Henry Jones, alias Sean Connery, pour trouver le précieux calice. On peut également citer le roman de Kate Mosse, 'Labyrinth', publié en 2005 et adapté en mini-série en 2012, ou encore l'incomparable série française 'Kaamelott' d'Alexandre Astier qui traite le thème du Saint Graal de façon humoristique.

Rejoignez l'Ordre des Templiers

1291 - Submergés par les Mamelouks, les Templiers évacuent Acre et prennent la mer, emportant le Graal qu'ils ont juré de protéger. Le navire sur lequel il se trouve est coulé et la précieuse coupe sombre avec lui. Cette bataille sonne la fin des croisades. Quinze ans plus tard, à Paris, les chevaliers de l'Ordre du Temple découvrent que le Graal pourrait bien se trouver en France. En secret, ils reprennent leur quête pour le retrouver et assurer à nouveau sa protection.

2017 -  History se lance dans la thématique du Graal avec la série 'Knightfall'. Après vous avoir entraînés sur les traces des Vikings, la chaîne vous invite à un autre voyage parsemé d'embûches, de trahisons mais aussi d'amitiés et d'amours, où l'ambition et l'humilité s'entrecroisent.

Un héros authentique mais peu charismatique

Landry du Lauzon est au coeur de l'intrigue, les épisodes s'articulent principalement autour de lui.

Landry est croyant et fidèle à l'Ordre des Templiers dont il fait partie mais des doutes viennent l'habiter parfois. Il commet des erreurs et il a ses faiblesses. Le fait que sa foi parvienne à être ébranlée, que ses décisions ne soient pas toujours les bonnes et qu'il fasse des entorses aux voeux qu'il a prononcés, font de lui un homme avant d'être un moine. En cela, c'est un héros authentique et c'est un point positif qui apporte du réalisme à la série.

Néanmoins, il n'arrive pas à allumer la petite étincelle qui fait qu'on s'attache à lui. Est-ce dû au profil même de Landry tel qu'il a été écrit par les scénaristes ? Ou bien au jeu de son acteur - Tom Cullen, Downton Abbey - qui n'est pas toujours excellent ? Ou encore à la présence d'autres personnages à ses côtés qui, eux, se détachent et brillent dans la série ? L'explication tient sans doute un peu de chaque.

D'autres réussissent leur quête du public

Si Landry ressort assez fade, la faute est donc en partie à trois hommes très différents qui lui volent la vedette.

Le premier est un autre Templier, Tancrède de Hauteville. Contrairement à son ami Landry, il crève l'écran ! Ce personnage possède de multiples facettes, il évolue au fil de la saison et parvient à plusieurs reprises à nous surprendre. Tancrède ne doute pas, il est déterminé et très droit. Il est fidèle à son Ordre, à ses convictions, à ses amis et à sa foi. Il est aussi très charismatique. Le regard d'acier de Simon Merrels (Spartacus, The Tomorrow People, Dominion) vous transperce et vous touche en plein coeur. Vous avez envie de lui accorder votre confiance, voire votre vie, car cet homme vous paraît solide et loyal.

Le second est le Pape Boniface. Rares sont les représentants de l'Eglise qui donnent des conseils aussi avisés et pragmatiques pendant une confession. Ce Pape est intelligent mais également compréhensif vis à vis des entorses faites à l'application directe des Saintes Ecritures. Bien entendu, il va s'exprimer et agir en fonction de son intérêt personnel et dans celui de l'Église qu'il sert, mais pas seulement. On devine chez lui une forme de compréhension des limites et des faiblesses humaines. Jim Carter (Downton Abbey) revêt la soutane pontificale et figure talentueusement un personnage à la fois bienveillant et tortueux.

Le troisième est William de Nogaret. Il entre certainement dans le Top 5 des éminences grises, ces conseillers influents qui agissent dans l'ombre. L'homme est rusé et il a une vision claire des enjeux politiques. Ses recommandations sont loin d'être dépourvues de sens mais, comme bien souvent, son caractère sournois prend de l'ampleur et il franchit des limites... Julian Ovenden (Downton Abbey, Person of Interest) incarne ce manipulateur hors pair au service du Roi de France.   

Des touches féminines

La série fait la part belle aux personnages masculins déjà cités auxquels on peut ajouter le Roi Philip (Philippe Le Bel) joué par Ed Stoppard (The Musketeers, The Frankenstein Chronicles), le Templier Gawain (Pádraic Delaney, The Tudors) et le jeune Parsifal incarné par Bobby Schofield. Elle s'attarde aussi sur la Reine Joan (Jeanne de Navarre) qui a le doux visage d'Olivia Ross (Guerre et Paix). La Reine de France tient un rôle important dans cette saison 1 et, sans en dire trop, son histoire s'imbrique à de multiples reprises dans celle des autres protagonistes. Joan est un personnage touchant qui suscite un sentiment fort de compassion quand on considère l'ensemble de son histoire.

On peut citer aussi Adelina (Sarah-Sophie Boussnina, Bron/Broen) qui apporte un autre regard sur l'intrigue, celui du peuple. Néanmoins, on peut regretter quelques facilités et raccourcis scénaristiques la concernant et le choix des scénaristes - délibéré a priori - de ne pas développer davantage son personnage de jeune voleuse.

Un savoir-faire déjà prouvé

Sans s'avancer sur le terrain de la fidélité historique qui nécessiterait de connaître sur le bout des doigts l'époque des Templiers, on peut néanmoins souligner et apprécier que le soin apporté à la réalisation de la série. Au niveau des costumes et des décors, l'enrobage est de très bonne qualité et ravira tous ceux qui sont sensibles à ces aspects.

Quant à la musique, il suffira de préciser que l'homme qui a travaillé sur 'Knightfall' est Andy Price et les fans de la série Robin Hood de la BBC pourront confirmer qu'il possède un talent indéniable pour restituer l'ambiance d'une scène grâce à ses compositions. Dominic Minghella, co-créateur de Robin Hood et scénariste, signe par ailleurs l'écriture de deux épisodes, dont le season final.

Une nouvelle croisade en vue pour History ?

Le parcours de nos héros va-t-il se poursuivre ? C'est impossible à dire à ce jour, History tarde à se prononcer quant à un possible renouvellement. S'il a lieu, on peut s'attendre à ce que 'Knightfall' se dirige logiquement vers le 13 octobre 1307, date à laquelle le Roi de France Philippe Le Bel ordonna la suppression de l'Ordre des Templiers et celle de ses membres.

En attendant cette issue tragique qui sera probablement transcrite par la série si elle se poursuit, ceux qui n'ont pas encore vu la saison 1 et sont amateurs de fresques historiques peuvent s'y lancer sans hésitation. Si le season final ouvre des portes pour d'éventuels nouveaux épisodes, il clôture aussi ce premier volet honorablement et vous permettra, à vous aussi, de trouver votre Graal.

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MàJ 14/08/2018 : la série Knightfall a obtenu une saison 2 et un nouveau chevalier prestigieux en la personne de Mark Hamill (Star Wars) 
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